Haedens à la Garenne
Chez Assouline, un long papier sur la polémique à propos de la décision du maire de la Garenne-Colombes de donner à un nouveau collège de sa ville le nom de Kléber Haedens.
Romancier (Adios), critique (Une histoire de la littérature française, 1943), à droite toute, non-conformisme des années 1930, genre Blanchot, de Rougemont & cie.
"Un second couteau", explique Assouline, sans qu'on sache bien si c'est méprisant ou valorisant - car être un second couteau (mais un grand second couteau) en littérature est une qualité rare, qui vous permet de n'être lu que par des gens qui vous ont cherché et vous méritent, à la manière d'un secret.
Polémique à la Garenne-Colombes, donc. La gauche locale s'étrangle (un fasciste au fronton du collège, etc.), qui pourtant arpente en souriant les avenues Lénine et les rues Thorez du coin, qui pourtant aurait tremblé de joie si l'on avait donné au collège le nom de cette vieille salope de Neruda, comme dans 10 000 communes de France.
Mais la vraie question est ailleurs.
Il ne faut pas se demander si Kléber Haedens mérite qu'un collège porte son nom, mais si l'Education Nationale française, cette bien-pensante fabrique de petits crétins analphabètes, mérite le parrainage spirituel de Kléber Haedens.
La réponse est évidemment non, et le problème trouve sa solution : une institution qui n'aime pas la littérature (cf. les manuels de français) ne doit pas s'approprier de vrais écrivains. Qu'on donne donc aux collèges et aux écoles les noms d'auteurs nuls, et tout rentrera dans l'ordre ! Plus de problèmes politiques, rien que des non-valeurs littéraires ! Bienvenue au lycée Anna Gavalda ! A l'école primaire Christine Angot ! Au collège David Foenkinos, ou son équivalent des années 1920 !
N'a-t-on pas donné récemment à une école maternelle du Nord le nom de Jack Lang, décision annulée par le tribunal administratif ? Tout était pourtant dans l'ordre !